Nom :

La maison Sauvé

Adresse :
 

83, rue Chénier
Saint-Eustache

Cadastre (1877) :

Lot 22, cadastre du Village

Cadastre (2000) :

Lot 1 697 919, cadastre du Québec

Date(s) de construction :   

Vers 1890


Historique de l'immeuble

Ce site fait partie d'une terre concédée en 1756 à Pierre Paradis et qui comprend presque tout le territoire du village situé au Sud-Ouest de la rivière du Chêne, incluant le cimetière de Saint-Eustache. C'est le notaire Pierre-Rémy Gagnier qui a commencé à lotir cette terre au début de XIXe siècle, suivi de son gendre le docteur Jacques Labrie. Ce dernier a opéré une école sur le site, jusqu'à son décès en 1831. La maison d'école a été détruite le 14 décembre 1837, alors propriété du docteur Jean-Olivier Chénier, gendre du docteur Labrie.

Le marchand William-Henry Scott a racheté le terrain après 1837 et c'est sa veuve, Marie-Marguerite Maurice dit Paquet, qui l'a cédé en 1889 à Georges Lauzon, peintre en bâtiments, entrepreneur en construction et maire de Saint-Eustache. Contrairement à ce que plusieurs continuent d'affirmer à tort, cette maison ne date pas de l'époque de J.-O. Chénier. Le corps central de l'immeuble actuel a été construit par Georges Lauzon vers 1890. En 1923, il est acquis par Arthur Sauvé, député provincial, chef du parti conservateur, député fédéral puis ministre des Postes. À partir de 1944, c'est son fils Paul qui en devient propriétaire et qui l'habite avec sa famille.

Député de l'Union nationale, ministre dans le gouvernement de Maurice Duplessis, Paul Sauvé devient Premier ministre du Québec en septembre 1959, lors du décès de Maurice Duplessis. Paul Sauvé est décédé dans cette maison le 2 janvier 1960. Pierre de Bellefeuille, député du Parti québécois a aussi habité cette maison, qui est aujourd'hui la propriété de la Ville de Saint-Eustache.

Anecdotes pour la petite histoire...

Officier des forces armées canadiennes durant la Seconde guerre mondiale, Paul Sauvé a participé à la bataille de Normandie en 1944, avant de prendre part à la libération de la Belgique et des Pays-Bas. Ayant acquis durant sa période européenne le goût des bons vins, il aménage à son retour une cave à vin au sous-sol de sa maison de la rue Chénier et y entrepose de bonnes bouteilles. Comme son rôle de député et de ministre dans le gouvernement de Maurice Duplessis l'amène à passer de longs moments à Québec, c'est son médecin qui habite à deux pas qui a un double des clés de la maison et qui s'assure de la sécurité des lieux, en l'absence de Sauvé. Mais le médecin aime aussi les bonnes bouteilles! Il profite donc de ces absences fréquentes de son célèbre patient pour aller s'approvisionner dans la cave bien garnie de celui-ci, qui ne s'en serait jamais rendu compte. Cette anecdote nous a été racontée par le fils du médecin, qui accompagnait son père dans ses occasionnels larcins!

Références

  • Album des Deux-Montagnes, Saint-Eustache, La Victoire, 1958.
  • Cahiers d'histoire de Deux-Montagnes, numéro spécial sur Paul Sauvé, vol. 11, no 2, décembre 1989.
  • Bilodeau, Benoît, «À Saint-Eustache : Le sort de la maison Chénier-Sauvé se décidera en 2016», dans L'Éveil, 12 décembre 2015, page 5.
  • Boileau, Gilles, «Une histoire de pot-de-vin à l'hôtel de ville», dans L'Éveil, 25 avril 1984, page 10A. (Au sujet de Georges Lauzon, qui a été le constructeur et le premier occupant de l'immeuble actuel).
  • Boileau, Gilles, «Georges Lauzon, un constructeur entreprenant et un maire énigmatique», dans Cahiers d'histoire de Deux-Montagnes, vol. 12, no 1, avril 1992, pages 21-26.
  • Boileau, Gilles, «Une maison unique au Québec», dans L'Éveil, 12 septembre 1998, page 12.
  • Cloutier, Dany, «La maison Chénier-Sauvé sera restaurée par la Ville de Saint-Eustache», dans L'Éveil, 26 mars 2016, page 5.
  • Grignon, Claude-H. et André Giroux, Le circuit historique du vieux Saint-Eustache, Saint-Eustache, Ville de Saint-Eustache, 1989, pages 28-30.
  • Guérard-Langlois, Annie, «200 000 $ pour donner les clefs de la maison Chénier-Sauvé aux citoyens», dans L'Éveil, 4 août 2001.
  • Labonne, Paul, Paul Sauvé: désormais, l'avenir (1907-1960), Outremont, Éditions Point de fuite, 2003.
  • Lanoix, Noël-E., Les biographies françaises d'Amérique, Montréal, Les Journalistes associés, 1942, page 23 pour la biographie d'Arthur Sauvé.
  • Lanoix, Noël-E., Les biographies françaises d'Amérique, Sherbrooke, Les Journalistes associés, 1950, page 48 pour la biographie de Paul Sauvé.
  • Mondou, Eric, «La Maison Chénier-Sauvé est sauvée», dans L'Écho de Saint-Eustache, 24 février 2014.