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Historique de l'immeuble
C'est le 12 novembre 1779 que le terrain est concédé à Nicolas Guindon par le seigneur Dumont. Quatre jours plus tard, Joseph Debien en fait l'acquisition. Il y habite jusqu'à sa mort, soit pendant vingt ans, avec son épouse Thérèse Tessier, dans une petite maison de bois.
Au début des années 1800, le docteur Jacques Labrie fait l'acquisition de la propriété et l'agrandit en y ajoutant des parcelles des terrains voisins. Il s'agit d'une place de choix pour le médecin local, au centre du village face à l'église. Nous pouvons suivre à la trace l'évolution architecturale de la maison au moyen des nombreux marchés de construction que nous retrouvons dans les greffes des notaires. Tout d'abord, il signe un contrat en 1809 avec le maçon Jean-Baptiste Guilbault. Il s'agit alors d'ériger les murs de pierre d'une maison à deux étages de cinquante pieds de large par quarante-cinq de profond, ce qui est très vaste pour l'époque. En 1810, une fois les murs extérieurs terminés, un second marché est conclu avec le maître-menuisier Jean-Baptiste-Flavien Spénard pour la charpente des planchers de la maison.
En 1814, un troisième contrat est signé avec Alexis Gosselin, pour aménager les pièces du second étage de la maison. Le notaire a d'ailleurs joint au contrat un plan de l'intérieur de la maison. Tout ce que nous savons cependant de l'apparence extérieure de la maison est un dessin grossier de la façade, effectué en 1828 par l'arpenteur Savage.
Pendant près de deux décennies, le docteur Labrie habite sa maison de la rue Saint-Eustache, passant toutefois de longues périodes à Québec puisqu'il est aussi député du comté de York, prédécesseur du comté de Deux-Montagnes. Lorsqu'il meurt en 1831, un mois à peine après avoir marié sa fille au docteur Jean-Olivier Chénier, c'est son gendre qui continue sa pratique de la médecine au village. Il vend cependant deux ans plus tard la maison à William-Henry Scott qui va y établir un magasin-général qui va subsister pendant plus de cent-cinquante ans.
William-Henry Scott est né en Écosse en 1799. Il est arrivé à Montréal en très bas âge avec sa famille, son père exerçant le métier de boulanger. William-Henry était déjà établi à Saint-Eustache depuis plus de dix ans lorsqu'il achète la maison. Le magasin-général qu'il y établit ne prospère cependant que durant cinq années, avant que ne surviennent les événements de 1837. Patriote modéré, Scott est dans le collimateur des troupes britanniques. Le soir du 14 décembre, sa maison et son établissement commercial sont incendiés, de même que toute une partie du village.
Dans les mois qui suivent la bataille, Scott reconstruit la maison et le magasin. Ce sont les murs de pierre de cette maison que nous pouvons toujours apercevoir en façade, de chaque côté de la tour centrale.
William Henry Scott décède en 1857. Ce sont d'abord ses enfants qui continuent à opérer le commerce. En 1875, Joseph-Albert Paquin en fait l'acquisition. Suite à un incendie survenu en septembre 1889, l'architecte ?? Boileau reçoit le mandat de reconstruire la maison et d'y ajouter le magasin actuel. Il ajoute la tour centrale de style Second Empire, un style rendu populaire à cette époque notamment par la construction du Mont Saint-Louis, rue Sherbrooke à Montréal.
Devenu une quincaillerie au XXe siècle, le commerce cesse ses opération vers 1990. La maison est toujours occupée par les descendants de Joseph-Albert Paquin.
Références
- «J.-A. Paquin, marchand général», dans La Concorde, 9 octobre 1980.
- Boileau, Gilles, «Monsieur J.-A. Paquin», dans L'Éveil, 27 août 1995, page 10.
- Boileau, Gilles, «Yvon était lui aussi un homme de coeur», dans L'Éveil, 27 décembre 1997, page 10.
- Grignon, Claude-H. et André Giroux, Le circuit historique du vieux Saint-Eustache, Saint-Eustache, Ville de Saint-Eustache, 1989, pages 25-26.
- Grignon, Claude-H., «Acte de société entre Georges et Elzéard Paquin», dans La Concorde, 29 septembre 2004, page 12.
- Thibodeau, Carole, «Les maisons du Bas-Canada: six générations de Paquin», dans La Presse.ca, 25 septembre 2015.
- Vallières, Marc-Gabriel, «Les maisons d'ancêtres: 20. La maison de J.-A. Paquin», dans L'Éveil, 30 décembre 2000.