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Historique de l'immeuble
La maison Isaïe Lamoureux est représentative de nombreuses maisons construites dans les années 1880 et 1890 dans le village de Saint-Eustache, notamment par l'entrepreneur Georges Lauzon, qui était aussi maire du village. Celle-ci est située au 61 de la rue Saint-Louis. Ses murs sont en déclin de bois, aujourd'hui recouverts de vinyle et son toit est à la Mansart, encore recouvert de tôle à baguettes il y a quelques années.
Les terrains de toute cette partie du village, soit le cimetière de la paroisse de Saint-Eustache, la rue Saint-Louis entre la rivière du Chêne et la rue Saint-Denis, ainsi que la rue Chénier formaient une seule et même terre, concédée en 1756 à Pierre Paradis. Ayant été plus tard acquise par le notaire Pierre-Rémy Gagnier, la terre passe après sa mort à son gendre le docteur Jacques Labrie qui commence à subdiviser et à vendre les terrains qui bornent la rue Saint-Louis. Le terrain qui nous intéresse est acquis en octobre 1820 des mains du docteur Labrie par Laurent Plouffe.
Dans les années 1830, c'est Marguerite Gagnon, veuve d'Amable Chardon (ou Chardron, selon les documents) qui acquiert l'emplacement de ce qui s'appelle à l'époque non pas encore la rue Saint-Louis mais bien la côte Saint-Rémi (en l'honneur du notaire Pierre-Rémy Gagnier) ou la côte du Lac. Amable, qu'elle avait épousé à Saint-Eustache en 1815 est décédé à la fin des années 1820, la laissant avec six enfants à nourrir, dont cinq en bas âge. Elle s'installe donc sur ce terrain comme fileuse, pour subvenir à leurs besoins.
Lors des événements de 1837, sa maison est incendiée, comme toutes les autres de la rue. Mais elle reconstruit sa demeure et y habite jusqu'aux années 1860. C'est alors qu'un journalier, Isaïe Lamoureux, en fait l'acquisition. Il y habite avec sa famille, voisin de son frère Joseph, qui occupe le lot plus à l'ouest. C'est probablement vers 1890 que la maison actuelle est construite, peut-être par l'entrepreneur Georges Lauzon. Non seulement cette maison est exactement dans le style de celles que construit ce dernier, mais Lauzon possède déjà des hypothèques sur les terrains des deux frères Lamoureux. En 1892, devenu veuf de son épouse Narcisse Lebrun, Isaïe divise son terrain en deux parties égales et les vend à ses deux fils Salvini et Félix. La maison et la moitié est du terrain va à Salvini alors que la moitié ouest, sans bâtiment, va à Félix.
Salvini Lamoureux, fils d'Isaïe, habite la maison jusqu'à son décès en 1930. Ses héritiers Charlemagne, Émile et Armandine Lamoureux prennent alors possession de la maison et la revendent en 1938 à Agzel Cloutier, dont plusieurs se rappellent. Ardent bavardeur, celui-ci va animer ce coin du village jusqu'à son décès en 1982.
Anecdotes pour la petite histoire...
1. Nous ne savons pas où habitait Isaïe Lamoureux père après avoir vendu la maison à son fils Salvini. Un événement tragique s'est cependant produit quelques années plus tard dans la famille Lamoureux. En juillet 1899, un charivari est organisé par Isaïe Lamoureux en réaction au mariage de Noël Guitard, 57 ans, un habitant de la Pointe au Calumet à Saint-Joseph-du-Lac, avec sa jeune nièce. L'histoire tourne mal et Isaïe Lamoureux est tué d'un coup de feu. L'affaire fera grand bruit et sera rapportée dans les journaux de l'époque.
2. Lorsqu'Agzel Cloutier a acheté la maison en 1938, il n'y avait pas de salle de bain. En se mariant en 1944, sa nouvelle épouse demande évidemment à ce que la maison soit dotée d'un confort relativement moderne. Mais les baignoires de l'époque sont faites de fonte et le plancher de l'étage n'est pas assez résistant pour en supporter une. Il l'installe alors dans un coin du salon, près de la cuisine. Jusqu'aux années 1980, la baignoire occupera donc une place de choix bien en évidence dans le salon, isolée simplement par un rideau! Lors de rénovations à la maison vers 1990, une salle de bain «moderne» sera aménagée à l'étage. La vieille baignoire de fonte sur pattes, abandonnée sur le trottoir, sera récupérée et réutilisée dans une maison de Deux-Montagnes oł elle se trouve toujours, mais dans une salle de bain cette fois!
Références
- Trudeau, Jocelyne F., «Les dossiers du coroner: charivari sanglant, Noël Guitard vs Isaïe Lamoureux et al.», dans La Feuille de chêne, mars 2012, pages 7-11.
- Vallières, Marc-Gabriel, «Les maisons d'ancêtres: 19. La maison Isaïe Lamoureux», dans L'Éveil, 9 décembre 2001.