Nom : 

Le manoir de Bleury

Adresse : 

Boul. Lévesque Est
Laval (Saint-Vincent-de-Paul)

Cadastre : 

Lot 323, cadastre de la Paroisse de
Saint-Vincent-de-Paul

Cadastre du Québec : 

Lots 1 538 088 et autres, cadastre du Québec

Date de construction : 

Entre 1840 et 1847

Date de destruction : 

1957-58


Historique de l'immeuble

Cette maison n'était pas à proprement parler un manoir seigneurial, car le seigneur qui y résidait ne possédait pas la seigneurie sur laquelle la maison est bâtie! Clément-Charles Sabrevois de Bleury (1798-1862) qui l'a fait construire était en effet seigneur d'une partie de Boucherville, sur la rive Sud du Saint-Laurent. Avocat issu d'une famille de militaires de la région de Sorel, Bleury avait d'abord joint les rangs du parti Patriote, avant de prendre parti pour le gouvernement à l'aube des événements de 1837, par crainte d'une rébellion armée.

Entre 1827 et 1837, Bleury achète plusieurs terres appartenant à des artisans de l'atelier des Écores, fondé par Louis-Amable Quevillon, dont René Beauvais dit St-James et Paul Rollin. Il se constitue un grand domaine de plus de 400 arpents sur lequel il se fait bâtir une maison en pierre de taille au bord de la rivière des Prairies ainsi qu'une grande écurie et un grange en pierre des champs. C'est en 1847 qu'il s'établit définitivement à Saint-Vincent-de-Paul dans son «manoir», y exerçant notamment ses talents d'écuyer au milieu de la petite noblesse du Bas-Canada, y donnant des soupers et des bals.

Le souvenir laissé par Clément-Charles Sabrevois de Bleury à Saint-Vincent-de-Paul n'est cependant pas des plus reluisant. Réputé pour son arrogance, il tente de s'imposer comme seigneur du lieu même s'il ne l'est pas, sa seule propriété seigneuriale étant une petite partie de la seigneurie de Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal. À plusieurs reprises, il provoque des opposants en duel, notamment Charles-Ovide Perrault et Ludger Duvernay. Il tente de se faire accorder un banc seigneurial dans l'église de Saint-Vincent-de-Paul, ce que la Paroisse va lui refuser énergiquement. Lorsqu'il se présente dans le comté de Laval à l'élection de 1854, il n'obtient aucun vote parmi les habitants de sa paroisse...

Après le décès de Bleury survenu en 1862, n'ayant pas d'héritier mais de nombreuses dettes, les terres sont vendues par le shérif à Louis-Tancrède Bouthillier, son neveu. C'est ensuite Félix Lussier, seigneur de Varennes, qui prend possession de la maison et du domaine, pour les donner en 1869 à son fils Hector. Ce dernier devient maire du Village de Saint-Vincent-de-Paul de 1890 à 1897. La maison est d'ailleurs connue au XXe siècle comme étant le «manoir Lussier». Devenue par la suite la propriété des Services correctionnels du Canada dont le pénitencier est situé juste en face, la maison reste longtemps à l'abandon et est incendiée en 1957, avant d'être démolie l'année suivante.

Références

  • Champagne, Jean-Paul, Souvenirs historiques de Saint-Vincent-de-Paul, [l'auteur], 1978, pages 124-125.
  • Demers, J.-Urgel, Aperçus historiques sur l'île Jésus, [s.l.], L'Atelier, 1957, page 192.
  • [En collaboration], «Sabrevois de Bleury, Clément-Charles», dans Dictionnaire biographique du Canada, volume IX, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1977, pages 768-770.
  • Gauthier, Raymonde, Les manoirs du Québec, Éditeur officiel du Québec, 1976, pages 44-45.
  • Leblanc de Marconnay, Hyacinthe, La petite clique dévoilée, ou Quelques explications sur les manoeuvres dirigées contre la minorité patriote [...] et plus particulièrement contre C.C. Sabrevois de Bleury, Rome (N.-Y.), [s.éd.], 1836.
  • Roy, Pierre-Georges, Vieux manoirs, vieilles maisons, Québec, Louis-A. Proulx, 1927, pages 31-33.
  • Sabrevois de Bleury, Clément-Charles, Réfutation de l'écrit de Louis Joseph Papineau, ex-orateur de la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada, Montréal, [s.éd.], 1839.