Le Chemin à lisses de colonisation du Nord de Montréal (1869-1875)



Historique :

C'est en décembre 1868 que divers promoteurs s'associent afin de développer un chemin à lisses de bois entre Montréal et Saint-Jérôme. Quatre itinéraires différents sont envisagés : le premier traverse la rivière des Pariries près du moulin du Gros-Sault (Bordeaux) et le second près du pont Viau. Ces deux itinéraires passent ensuite par Saint-Martin, Sainte-Rose et Sainte-Thérèse. Le troisième itinéraire est situé plus à l'Ouest et traverse la rivière des Mille-Îles près du moulin de la Dalle à Saint-Eustache. Le quatrième enfin traverse à l'Est de Sainte-Rose. L'itinéraire passant par Saint-Eustache est initialement privilégié même s'il est le plus long, car il s'avère le moins coûteux.

La compagnie est formée par une loi constitutive votée à Québec et sanctionnée le 5 avril 1869. Les premiers dirigeants sont Duncan Macdonald, Peter Murphy, David Pelletier, Charles Coursol et Louis Beaubien, tous des investisseurs, Charles Legge, un ingénieur qui a participé à la construction du pont Victoria pour le chemin de fer du Grand-Tronc, Godefroi Laviolette, un arpenteur de Saint-Eustache et de Saint-Jérôme et Édouard Lefebvre de Bellefeuille, un avocat de Saint-Eustache qui agit comme premier secrétaire. La rivière des Pariries sera traversée à l'île Lachapelle (Bordeaux) mais un choix doit être fait entre Sainte-Rose et à Saint-Eustache pour le passage de la rivière des Mille-Îles. Même si la destination initiale est Saint-Jérôme, la loi permet à la compagnie de poursuivre de ce point jusqu'à Sainte-Agathe, jusqu'à Rawdon en passant par Kilkenny (Saint-Hippolyte) et de Saint-Eustache vers Ottawa, sur la rive Nord de la rivière des Outaouais. Les rails pourront être en bois ou en fer, au gré de la compagnie.

Au fil de l'élaboration du projet, l'itinéraire par Saint-Eustache est abandonné au profit de celui par Sainte-Rose et Sainte-Thérèse et le choix final se pose sur des rails de fer. Les travaux s'amorcent très lentement et un premier délai doit être accordé en 1872. L'argent fait aussi défaut et les dirigeants doivent reconnaître en 1875 qu'ils ne peuvent terminer la voie. Le Gouvernement du Québec retire donc la charte de la compagnie en 1875 pour confier l'achèvement des travaux à une nouvelle compagnie dont il sera lui-même le principal investisseur, le Chemin de fer Québec, Montréal, Ottawa et Occidental. En plus des voies vers Saint-Jérôme et vers Hull/Ottawa, cette nouvelle entité prend aussi la responsabilité de terminer et d'opérer le Chemin de fer de la rive Nord, qui construit la voie entre Montréal et Québec, en passant par Trois-Rivières.

Contrairement à la croyance populaire, l'abbé Antoine Labelle, curé de Saint-Jérôme, n'a pas été le principal créateur de ce chemin de fer. Il l'a ardemment défendu, en a fait la promotion, l'a grandement favorisé lorsqu'il était sous-ministre de la colonisation, mais il n'en a jamais été le grand responsable comme le prétend la tradition populaire. Malgré le mot «colonisation» que comportait son nom, ce chemin de fer était un projet éminemment capitaliste, visant d'abord le profit de ses promoteurs...

Même si elle a grandement contribué à la conception et à la construction des liens vers Saint-Jérôme et vers l'Outaouais, la Compagnie du Chemin à lisses de colonisation du Nord de Montréal n'opérera finalement jamais elle-même le chemin de fer.

Législation :
  • Québec, 32 Victoria, chap. 55, Acte pour incorporer la Compagnie du chemin à lisses de colonisation du Nord de Montréal, 1869.
  • Québec, 36 Victoria, chap. 42, Acte pour accorder de l'aide à certaines compagnies de chemins à lisses, 24 décembre 1872.
  • Québec, 39 Victoria, chap. 2, Acte relatif à la construction du «Chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental», 24 décembre 1875.

  • Références :
  • --, Le Chemin de colonisation du Nord de Montréal : De Montréal à St. Jérôme, Montréal, La Minerve, 1872.
  • --, The Northern Colonization Railway. Visit of the President and Directors to St. Jerome, [Montreal Gazette], 1872.
  • Lefebvre de Bellefeuille, Édouard, «Le chemin à lisses de colonisation du Nord de Montréal», dans La Revue canadienne, Montréal, volume 7, 1870, pages 899 à 919.
  • Legge, Charles, Chemin à lisses de Colonisation du Nord de Montréal, Rapport sur la section d'Hochelaga et St. Jérôme, Montréal, Le Nouveau Monde, 1869.
  • Nantel, Guillaume, Le Chemin de fer des cantons du Nord, Saint-Jérôme, [sans éd.], 1884.
  • Young, Brian J., The North-Shore railways in the history of Quebec, 1854-85, Toronto, University of Toronto Press, 1978.

  • Iconographie :

    Antoine Labelle

    Édouard Lefebvre de Bellefeuille
       






    Accueil

    Les nouveautés

    Pour nous rejoindre



    Le patrimoine ferroviaire
    des Laurentides